Biographie de: DELANEY, Jack

Naissance : 18 mars 1900 à Saint-François-du-Lac, Québec
Décès : 27 novembre 1948 à Katonah, New York
Intronisation : 2016
Discipline : Boxe
Catégorie : Athlète


De fines habiletés pugilistiques, un sens stratégique aigu, une droite à la puissance dévastatrice, un physique avantageux et plusieurs victoires spectaculaires, voilà le rare mélange d’ingrédients qui fit de Jack Delaney une super vedette du ring aux États-Unis vers le milieu de la décennie 1920, soit en plein cœur de l’âge d’or de la boxe.

Né Ovila Chapdelaine, il passe les premières années de sa vie dans le comté de Yamaska au Québec puis émigre avec sa famille en Nouvelle-Angleterre, d’abord à Holyoke au Massachusetts puis à Bridgeport au Connecticut. C’est dans cette dernière ville que, à l’adolescence, il est initié à la boxe dans la maison familiale par ses frères aînés. Il démontre vite des aptitudes exceptionnelles pour le noble art et commence à s’entraîner dans un véritable gymnase.

Il entame une carrière professionnelle en 1919 et, pendant un peu plus de quatre ans, s’aiguise les dents en livrant une quarantaine de matchs dans le Nord-Est des États-Unis. Au passage, il remporte le titre de champion des poids moyens de la Nouvelle-Angleterre et adopte le nom de « Jack Delaney », une altération de son patronyme prononcé à la manière américaine : « Chapdelainé ». 

Dans les premiers mois de 1924, il s’impose comme un pugiliste d’élite. Il bat Tommy Loughran puis effectue une entrée retentissante au prestigieux Madison Square Garden de New York en mettant hors de combat au quatrième round l’étoile montante Paul Berlenbach. Au début de 1925, il signe dans la Grosse Pomme ce qui constitue peut-être le triomphe le plus impressionnant de sa carrière en pulvérisant par K.-O. dès la deuxième reprise l’un des plus grands boxeurs de l’histoire, Tiger Flowers, qui était alors à son zénith. Quelques semaines plus tard, il démontre que cette victoire expéditive n’était pas un coup de chance en anéantissant de nouveau Flowers, par K.-O. au quatrième round.

Maintenant devenu une superstar, celui qui est surnommé « Bright Eyes » et le « Bridgeport Adonis » est invité par l’influent promoteur Tex Rickard, à la fin de 1925, à faire la finale du programme d’ouverture du nouveau Madison Square Garden, dans une rencontre pour le titre mondial des poids mi-lourds sur lequel Paul Berlenbach a mis la main quelques mois plus tôt. Diminué par une grave blessure subie à l’entraînement, il essuie la défaite, mais par décision extrêmement serrée.

Ce revers ne stoppe toutefois pas sa superbe lancée. Dans la première moitié de 1926, il réalise un autre K.-O. fracassant lors d’un match hautement médiatisé, cette fois contre Mike McTigue, puis remporte une écrasante victoire aux points contre Maxie Rosenbloom. Il dispute également au cours de cette période l’unique combat de sa carrière au Québec, un K.-O. contre Martin O’Grady au Forum de Montréal. Sa renommée ayant traversé les frontières, il est à l’occasion de cette visite en sol montréalais reçu en héros par les dignitaires de la ville.

Au mois de juillet 1926, une nouvelle chance lui est donnée de ravir la couronne mondiale des mi-lourds à Paul Berlenbach, dans un match couru par le Tout-New York et présenté devant 41 000 personnes au Ebbets Field de Brooklyn. L’affrontement suscite un intérêt tel que le New York Times le décrit comme le plus important évènement de boxe depuis la célébrissime rencontre tenue, trois ans auparavant, entre Jack Dempsey et Luis Angel Firpo. Combattant de façon magistrale, il remporte une large victoire aux points et s’inscrit dans les annales comme le premier champion du monde en boxe né au Québec.

Après une défense réussie de son titre à la fin de 1926, il décide de se battre principalement chez les poids lourds, une catégorie dans laquelle son gabarit de mi-lourd le désavantage. Ses résultats deviennent dès lors en dents de scie. S’il épingle à son palmarès de victoires les noms de quelques poids lourds connus, comme Bud Gorman, Paulino Uzcudun et Jack Renault, et s’il triomphe une troisième fois de Paul Berlenbach lors d’un bref retour à 175 livres, il subit aussi des défaites qui lui font perdre son statut de tête d’affiche majeure en 1928.

Il succombe d’un cancer du cerveau en 1948. En 1996, l’International Boxing Hall of Fame (IBHOF) reconnaît officiellement sa grandeur en l’intronisant parmi les immortels du noble art.

Selon certaines sources, il aurait réussi à empocher comme athlète des revenus équivalents à près de 24 millions de dollars en argent d’aujourd’hui. Surtout, il est parvenu à obtenir sept victoires, toutes décisives, contre quatre différents boxeurs qui, comme lui, sont actuellement membres de l’IBHOF, donc contre la fine fleur de sa discipline. Sous ce dernier rapport, l’excellence de son palmarès est absolument sans égale parmi les pugilistes québécois.  
 
- Martin Achard (memorialdelaboxe.com)