Biographie de: DEMERS, Jacques

Naissance : 25 août 1944 à Montréal
Intronisation : 2016
Discipline : hockey
Catégorie : bâtisseur
 
 
Personne ne symbolise mieux la détermination que Jacques Demers, l'une des personnalités sportives les plus attachantes du Québec.
 

Malgré une enfance et une adolescence difficiles, victime d'un père intraitable qui s'est plu à miner sa confiance, il n'a jamais cessé d'avancer dans la vie. Il a plusieurs fois fait face à l'adversité sans jamais baisser les bras. Demers est vraiment parti de nulle part pour atteindre des sommets professionnels qu'il jugeait parfois inaccessibles.
 

Il parlait à peine quelques mots d'anglais quand on lui a fourni l'occasion de diriger sa première équipe professionnelle, les Racers d'Indianapolis, un an après avoir agi comme adjoint avec les Cougars de Chicago. Ça prenait énormément de cran pour embarquer dans ce genre de galère et pour arriver à se faire accepter et respecter par des athlètes pour lesquels il était un pur inconnu. Par la suite, le monde du hockey n'a pas tardé à faire sa connaissance.
 

Sa carrière, qui l'a mené dans neuf villes différentes, dont cinq dans la Ligue nationale, lui a permis de vivre de grands moments sur le plan personnel. Il a été le gagnant du trophée Jack Adams, attribué à l'entraîneur par excellence de l'année à deux occasions, en plus d'en avoir été le finaliste une troisième fois. Il est d'ailleurs le seul entraîneur à avoir mérité ce trophée deux années de suite. C'était avec les Red Wings de Detroit qu'il a totalement transformés en 1987 et 1988.
 

Un très beau hasard a voulu qu'il remporte la coupe Stanley dans sa cour, à Montréal. Il n'est vraiment pas donné à tous les entraîneurs de parader dans les rues de leur propre ville avec la coupe. Le Canadien a été incapable de répéter l'exploit depuis son départ. À ce jour, il est d'ailleurs le dernier coach à avoir remporté une coupe Stanley au Canada.
 

Notre intronisé de 72 ans est de ceux qui croient que le parcours d'un entraîneur n'est pas complet s'il se retire sans avoir savouré ce championnat. Dans l'histoire de la Ligue nationale, ils sont six Québécois seulement à avoir gagné le précieux trophée, dont quatre l'ont fait à Montréal : Scotty Bowman, Claude Ruel, Jean Perron et lui.
 

Il n'hésite pas à dire que la plus grande réalisation de sa carrière a totalement changé sa vie. Il croit qu'une coupe Stanley modifie la conception que les gens se font du rôle d'entraîneur. L'exploit le hisse au sommet de sa profession. Ça fait de lui un gagnant pour la vie.
 

La notoriété nationale que cela lui a value explique, selon lui, pourquoi il a reçu l'invitation de l'ex-premier ministre Stephen Harper à joindre les rangs du sénat. Cette proposition l'a beaucoup surpris.
 

« Pourquoi moi ?», a-t-il demandé.
 

L'explication qu'il a reçue a facilité la réponse qu'il lui a accordée. Il était un rassembleur, un gagnant et un gars d'équipe. C'est le genre d'individu que le premier dirigeant du pays voulait dans son équipe.
 

L'histoire retiendra que cet homme, qui n'a toujours vécu que pour la victoire, est parti d'un camion de livraison de Coca-Cola pour accéder au statut de sénateur. Au cours des 42 dernières années, il a fait sa marque dans le hockey et dans le milieu des communications, notamment à RDS où il a analysé plus de 100 matchs par saison avant de prendre la route d'Ottawa pour s'acquitter de son nouveau rôle.
 

Les choses n'ont pas toujours été faciles pour lui, mais il a vécu des aventures extraordinaires et rencontré des gens dont il n'aurait jamais cru pouvoir serrer la main. Il a pu créer des amitiés durables. Sa popularité ne se dément pas dans sa communauté.
 

Il a droit à la reconnaissance du milieu sportif québécois en faisant son entrée au Panthéon des sports du Québec, un organisme qui reconnaît les mérites des athlètes et des bâtisseurs qui ont contribué, par leurs accomplissements, à écrire l'histoire sportive du Québec.

 
Monsieur Demers a publié sa biographie il y a quelques années « En toutes lettres » dans laquelle il a dévoilé au public canadien qu'il ne savait ni lire ni écrire pendant toutes les années qu'il a passées derrière le banc. Avant d'être terrassé par un AVC sévère, il était un porte-parole de prestige pour l'alphabétisation, ce qui l'a mené à prononcer des conférences à travers les États-Unis et le Canada.
 

Il considère cette intronisation au Panthéon des sports du Québec comme l'hommage ultime coiffant sa longue et prestigieuse carrière.
 

Monsieur Demers, vous entrez dans l'histoire sportive du Québec, un honneur pleinement mérité.

Bertrand Raymond