Montréal, le 20 août 2021 -
Yvon Duhamel,
légendaire pilote qui a contribué de façon exceptionnelle au monde du
motocyclisme au Québec et au Canada, est décédé à l'âge de 81 ans. Yvon
Duhamel fut intronisé au Temple de la renommée du Panthéon des sports du
Québec en 2007.
Très jeune, il s'est intéressé à un sport à deux
roues, le vélo. Si bien qu’à 13 ans, il ouvrait un petit magasin de
vélos et il faisait l’acquisition d’une Whizzer, cette bicyclette dotée
d’un moteur de 2 chevaux, sur laquelle il a arpenté les rues de
Montréal. À 15 ans, un ami l'a laissé monter sur sa moto Triumph.
L'accélération du Triumph séduit tellement Yvon que la semaine suivante,
il achetait sa première moto, un modèle Triumph T100 500 cc.
À
17 ans, il commença à prendre part à des courses, tout d’abord sur
glace, puis sur des pistes de terre (dirt track). Le talent brut de
Duhamel attire l’attention de George Davis, un grand promoteur de
motocyclisme au Canada, qui le prend rapidement sous son aile. Davis a
fourni des motos BSA pour les courses sur piste et sur route, et des
machines CZ et Jawa pour les courses de motocross et sur glace.
L’association entre les deux hommes est fructueuse et Yvon Duhamel
remporta ses premières épreuves en 1961. Ces premiers succès ont jeté
les bases de ce qui allait devenir une carrière de course sans
précédent, celle d’un champion qui connaîtra du succès dans toutes les
épreuves et catégories imaginables.
Les succès de Duhamel au
début des années 60 lui valent d’être couronné à six reprises par la
Canadian Motorcycle Association (CMA) qui lui décerna le trophée White
remis annuellement pour la « meilleure performance d'un coureur canadien
toutes disciplines confondues ».
Peu importe le type de courses,
Yvon Duhamel répondait toujours présent. Sur glace, il a remporté les
championnats seniors en 1961 et 1962 et le championnat expert 500 en
1968. Dans les épreuves de motocross, ses succès sont incroyables. En 70
départs, il enregistrerait 53 premières places, 13 secondes, trois
troisième.
George Davis posa un autre geste qui aura une
influence déterminante dans la carrière du pilote québécois lorsqu’il le
mit en contact avec Trevor Deeley, le distributeur canadien de motos de
marque Yamaha. Duhamel a donné à son nouveau commanditaire des
victoires consécutives en 1968 et 1969 au Daytona 250 dans la catégorie
des poids léger. En 1969, il obtenait la pole position au Daytona 200 et
devenait le premier pilote à franchir le tri-ovale avec une vitesse de
150 milles à l’heure (à époque la qualification consistait à un tour de
piste de l'tri-ovale du Daytona International Speedway). Duhamel ajouta
de nombreuses victoires aux États-Unis et au Canada pour l'équipe Yahama
de Deeley.
Les succès de Duhamel attirèrent l’attention d'autres
fabricants de motos qui s’intéressaient à ses prouesses. C’est ainsi
que Kawasaki lui a présenté une offre lucrative. Cependant, son étroite
amitié avec Trevor Deeley de Yamaha le fait hésiter. Deeley a reconnu la
capacité limitée du moteur de 350 cc de Yamaha à ce moment-là et
connaissant le potentiel de Duhamel, lui a généreusement donné sa
bénédiction.
Kawasaki produisait à cette époque des motos très
puissantes à trois cylindres de 500 cc et 750 cc, et cette usine
recherchait un coureur capable de piloter ces engins. Yvon s'est avéré
être l'un des rares pilotes au monde à pouvoir maîtriser ces machines.
Il a récompensé Kawasaki en leur donnant leur première victoire AMA à
Talladega en Alabama en 1971. De 1971 à 1973, Duhamel a été le meilleur
coureur de Kawasaki, remportant pas moins de cinq victoires : deux
succès à Talladega et des victoires à Road Atlanta, à Charlotte en
Caroline du Nord et une autre à Ontario en Californie.
À la fin
des années 60, Yvon participa également à quelques épreuves sur piste de
l'AMA Grand National. Son meilleur résultat a été une sixième place à
Sacramento. De 1974 à 1976, Yvon a remporté de nombreuses courses de
production pour Kawasaki sur sa machine Z-1. Ces courses finiront par
évoluer vers l'AMA Superbike.
Au milieu des années 70, Yvon
Duhamel s’est produit en Europe. En 1975, il a donné à Kawasaki sa
meilleure performance de l'année, se classant cinquième du Dutch Tourist
Trophy en 250 cc. Il participa aussi aux courses d’endurance, notamment
les 24 heures du Mans et du Bol d’Or sur une moto de rue KZ1000
hautement modifié.
Sa passion pour la vitesse le mena à
participer à des courses de stock cars de la série NASCAR. En 1973, il
occupait la 15e position sur la ligne de départ du Gwyn Staley 400
disputé à North Wilkesboro en Caroline du Nord. Au volant d’un bolide
Junie Dunlavey, Duhamel termina en 10e place d’une course remportée par
le légendaire Richard Petty, Un autre top 10 de Duhamel en stock car
survint dans une épreuve de 400 milles à Sanair.
Il s’imposa en
course de voitures de sport, faisant équipe avec Jacques Duval et George
Nicholas, remportant une épreuve d'endurance de six heures au volant
d'une Porsche 911. Dans une autre épreuve disputée à Mosport au volant
d'une Datsun 240Z, Yvon a triomphé devant des adversaires qui pilotaient
des Corvettes ou autres voitures plus puissantes. Parti du fond de la
grille sur une piste mouillée, Yvon occupait la deuxième position au
premier tour et remportait cette course!
Il fut l'un des premiers
véritables professionnels de la course de motoneige. Sélectionné pour
conduire pour la première équipe de course de Ski-Doo en 1969, Yvon est
devenu l'une des plus grandes stars. Il est sacré champion du monde à
Eagle River au Wisconsin en 1970. Il a aussi établi un record de vitesse
de 127,4 milles à l’heure. De plus, il a remporté une course de
motoneige de trois jours reliant Winnipeg au Manitoba à St. Paul dans le
Minnesota en 1972. Fait à noter : il a terminé le premier jour sur un
seul ski, l’autre s'était cassé en début de course.
Yvon aura
transmis sa passion pour les courses de moto à ses deux fils, Mario et
Miguel, qui ont également connu de grands succès dans ce sport.
En
plus du Panthéon des sports du Québec, Yvon Duhamel fut intronisé au
Temple de la renommée de la motoneige à St. Germain au Wisconsin (1988),
au AMA Motorcycle Hall of Fame (1999), au Canadian Motorsport Hall of
Fame (1999), au Temple de la renommée de la moto du Canada (2007). Au
cours de sa carrière, il a gagné le trophée White, honneur suprême du
motocyclisme canadien, à six reprises (1961, 1962, 1965, 1966, 1967 et
1968).
Fondé
en 1990, le Panthéon des sports du Québec est un organisme à but non
lucratif dédié à la promotion du sport et à la reconnaissance et
consécration des athlètes et des bâtisseurs du sport au Québec. À ce
jour, le Temple compte 269 intronisés, tous athlètes et bâtisseurs issus
de différents sports et secteurs d’activités qui sont au cœur de la
maxime du Panthéon : « Tous ensemble pour que vive notre histoire
sportive ». « Le Musée du Panthéon des sports du Québec », est reconnu
comme organisme de bienfaisance depuis 2014, dont le projet phare vise
la création d’un lieu qui regroupera la mémoire sportive du Québec par
des expositions permanentes et thématiques, de l’animation dynamique et
un centre de documentation et d’archives.